À lire : L'archiduchesse rouge, Friedrich Weissensteiner

L'archiduchesse rouge, Friedrich Weissensteiner

Catégorie : Biographie Éditeur : Payot ISBN : 9782228904902 Posté le par Liesel

L'archiduchesse rouge, Friedrich Weissensteiner


Née Habsbourg-Lorraine, avec François-Joseph d’Autriche-Hongrie pour grand-père paternel et Léopold II de Belgique pour grand-père maternel, on pouvait imaginer à Elisabeth-Marie, une destinée digne des films kitsch illustrant la vie de son aïeule, la fameuse “Sissi”. Les circonstances en décidèrent autrement. “Te voilà délivrée de ma présence” lui écrit à Mayerling son père maniaco-dépressif, Rodolphe, l’héritier du trône, juste avant de se tirer une balle dans la tête avec sa maîtresse, la gironde mais délétère Marie Vetsera.

Erzsi, comme la surnomme son entourage, a 6 ans. Couvée par son grand-père qui tente de réparer ces débuts difficiles, la grande et ravissante jeune fille devient l’idole de la Hofburg à Vienne, après l’impératrice Elisabeth, poignardée par un anarchiste italien en 1898. Soucieuse d’échapper à l’atmosphère rigide de la cour et aux souvenirs de ces disparitions tragiques, l’adolescente s’entiche du prince Otto Windisch-Graetz, fringant lieutenant de l’école d’officiers d’Olmütz qu’elle s’entête à épouser, quitte à perdre son titre d’archiduchesse. Suivant le modèle de sa mère qui vient de se remarier à un simple aristocrate hongrois, Erzsi dit vouloir « choisir celui qu’elle aime en toute liberté ».

Sa ligne de conduite est désormais tracée; l’étonnante Autrichienne mènera sa vie comme elle l’entend. Elle voyage pour échapper à un conjoint dont la légèreté égocentrique l’accable vite et s’affiche avec ses soupirants, officiers de marine pour la plupart. Séduite par la manière dont des ouvriers du parti social-démocrate la soutiennent dans sa lutte pour conserver la garde de ses enfants lors de sa séparation conjugale, au sortir de la Première guerre mondiale, l’effrontée princesse s’engage dès lors dans la lutte politique. Sa fortune fond rapidement à financer un foyer de travailleurs pour une section socialiste, soutenir des membres du parti désargentés, aménager une portion de son domaine pour y installer des Faucons rouges...

Mais à gauche, elle rencontre aussi l’Amour, le vrai cette fois, en la personne de Léopold Petznek, ancien enseignant puis valeureux soldat sur le front russe, devenu politicien. Rentré de Dachau, il épouse Elisabeth-Marie et le couple s’installe à Vienne dans une vaste maison qu’elle rebaptise “son petit Schönbrunn”. Rompant tout lien avec sa famille, “l’archiduchesse rouge”, si elle ne parvient pas, avec son personnel, à renoncer à ses manières de patricienne, écrivait pourtant dès 1927 : “L’avenir, j’en ai la ferme conviction, appartient au socialisme.”