À lire : La force de l'âge, Simone de Beauvoir

La force de l'âge, Simone de Beauvoir

Catégorie : Autobiographie Éditeur : Gallimard ISBN : 9782070377824 Posté le par Liesel

La force de l'âge, Simone de Beauvoir


En cette période incertaine autant que déplaisante du fait de l’expression, dimanche dernier, d’une toujours trop importante partie des Français en faveur des idées du Front National de Jean-Marie Le Pen ou de sa fille (en dehors du physique plus avenant de la seconde et de son peut-être relatif désintérêt pour l’histoire qui a marqué son père, comme la seconde Guerre mondiale ou la guerre d’Algérie, je n’entrevois guère de différence politique entre les deux), sans doute est-il éclairant de relire, par exemple, le témoignage de Simone de Beauvoir. Dans “la Force de l’âge”, elle raconte : “Entre octobre 1934 et mars 1935, la situation politique devint, du moins pour le profane, de plus en plus confuse. La crise économique s’aggravait; Salmson débauchait, Citroën faisait faillite; le nombre de chômeurs atteignait deux millions. Une vague de xénophobie souleva la France : il était inadmissible qu’on employât une main d’œuvre italienne ou polonaise alors que les ouvriers chez nous manquaient de travail. Les étudiants d’extrême droite manifestèrent rageusement contre les étudiants étrangers qu’ils accusaient de vouloir leur ôter le pain de la bouche.” Comme on le sait, il y eut pourtant ensuite le Front Populaire et ses bienfaisantes mesures en faveur des classes défavorisées tels la semaine de 40 heures, les congés payés, les contrats collectifs, la hausse des salaires. “La bêtise, l’injustice, l’exploitation perdaient du terrain; cela nous mettait le cœur en fête” dit encore l’écrivaine. Certes, la condition ouvrière, notamment, s’améliora mais la xénophobie et l’antisémitisme, ces tristes incarnations de la méfiance, la méconnaissance et la haine de l’Autre, ces lèpres récurrentes de l’âme humaine trop universellement partagées et si difficiles à ôter des esprits, subsistèrent… Puis resurgirent en force avec l’engrenage de la Seconde guerre mondiale qui fit basculer la France, dans sa grande majorité, du côté du maréchal Pétain et de ses “valeurs” délétères. Alors, à nous, les Français d’aujourd’hui, forts de l’éclairage de l’histoire et pour échapper à la “malédiction” de la répétition, de ne pas réitérer les tragiques erreurs de nos prédécesseurs. Mais pour cela encore faudrait-il favoriser de réels échanges transversaux au sein de la population (la fameuse “mixité” si souvent invoquée et en réalité inexistante et repoussée par tous, inclus et exclus, par peur de l’inconnu), améliorer l’éducation toujours incomplète, toujours insatisfaisante. Sans doute devra-t-on s’y atteler plus que jamais et avec constance.