À lire : Ma vie balagan par Marceline Loridan-Ivens

Ma vie balagan par Marceline Loridan-Ivens

Catégorie : Autobiographie Éditeur : Robert Laffont ISBN : 9782221106587 Posté le par Liesel

Ma vie balagan par Marceline Loridan-Ivens


“Un ordre au cœur du désordre”, c’est ce que désigne “Balagan”, ce mot venu du russe, passé à l’hébreu et au yiddish. Il convient en effet parfaitement pour décrire la vie de la narratrice, perpétuelle et difficile tentative de reconstruction de soi après l’horreur de la Shoah. Tout bascule, pour la petite Marceline Rozenberg, durant l’hiver 1944, quand un groupe de Miliciens de Bollène et Avignon, escorté de gestapistes allemands, vient arrêter sa famille.

Son père mourra à Auschwitz, elle-même ira à Birkenau où elle retournera en 2002 tourner une fiction inspirée de sa propre histoire, “la Petite prairie aux bouleaux”. Outre la découverte glaçante du “tourisme de l’horreur” avec recréation d’un faux ghetto juif à l’ancienne organisé sur place par les Polonais, Marceline s’effare, toutes ces années après, de constater que la nature efface les traces du pire comme “ces renards, installés dans les ruines des crématoires”.

Elle raconte aussi comment, déjà au début de la guerre, elle affirmait son gaullisme à sa manière en transformant, avec quelques camarades de classe, l’ode au maréchal en “Général nous voilà !”. Bien plus tard, la rencontre avec le réalisateur hollandais Joris Ivens la sauve du suicide, contrairement à son frère et sa sœur qui ne parviendront pas à reprendre pied. Avec Ivens, la cinéaste découvre la Chine de Mao et son totalitarisme aussi absurde que brutal.

Si le bandeau du livre rapporte une remarque de Simone Veil, ancienne compagne de camp, “Même dans les situations les plus insupportables, elle nous faisait rire”, ici, Marceline Loridan-Ivens fait plutôt pleurer et prendre conscience, une fois encore, du non-sens épouvantable que constitue la haine de l’Autre. Un ultime et précieux témoignage de ce drame du XXème siècle dont tous les participants, victimes et bourreaux, sont en train de disparaître.